Il y a plusieurs années, Stephen King représentait 90% de mes lectures d’adolescent : écrire une critique un tant soit peu objective d’un de ses livres aurait été alors une gageure...
...Me voici 10 ans plus tard avec un Stephen King entre les mains. Un certain Chantier qui, comme par magie, est passé au travers des mailles du filet de mes lectures.
C’est donc avec un certain recul que j’ai entamé la lecture du livre. Bien sûr, je ne suis pas en terre inconnue : Stephen King a écrit d’immenses succès littéraires dont les ingrédients sont d’ailleurs connus de tous : frisson, horreur, épouvante (et n’oubliez pas de saupoudrer copieusement avec du suspens)… Reste qu’en 1ère approche, le titre assez « bateau » du livre n’est pas attractif pour un sous.
Commençons par le topo : un cadre moyen d’une blanchisserie est sommé par les pouvoirs publics d’abandonner sa maison familiale. Ceux-ci souhaitent mettre le premier coup de pioche en vue de la construction d’une autoroute. Le début d’un véritable conflit entre David (notre protagoniste) et Goliath (l’administration américaine)...
A l’heure du bilan de Chantier, « Brrr » est le premier mot qui me vient à l’esprit. L’auteur dépeint assez froidement la descente aux enfers d’un américain moyen comme vous et moi. Cet aspect constitue d’ailleurs le fil rouge de l’histoire : le lecteur assiste impuissant au déclin mental et émotionnel d’un homme qui pensait avoir guéri de ses vieilles blessures.
Dans l’impossibilité de s’identifier au protagoniste un tant soit peu dérangé, le lecteur cherche en vain à comprendre ses motivations jusqu’au dénouement – et il sera forcément radical dans l’univers de Stephen King – qui interviendra in extremis dans les dernières pages du livre...
Je placerais Chantier au niveau d’un Rage. Il est toutefois un cran en dessous d’un Shining qui introduit des personnages que l’auteur a pris plus de temps à développer. Chantier n’en reste pas moins un roman sombre et torturé qui se lit quasiment en une traite.